jeudi 10 mai 2012

Exit Sarkozy : turbulences, présomptions et espoirs


Le vent du changement politique, tel un fameux mai 1981, vient de souffler à nouveau dans l’Hexagone et ses prolongements outre-mer y compris dans le grand espace du pré carré étendu à la savane désertique et à la forêt luxuriante.

Hollande en France : l’homme ordinaire, normal en opposition avec la politique spectacle  et candidat socialiste devient le 7è Président de la 5ème république,  le 6 du  cinquième mois de 2012, le deuxième originaire de la  gauche.

Nouveaux acteurs, nouvelles sensibilités et  nouvelles ou vieilles amitiés : un jeu de chaises musicales s’annonce en perspective tant dans l’Hexagone que sur l’échiquier africain.
Cette mauvaise nouvelle pour certains réseaux est annonciatrice de turbulences.

Adieu la Françafrique et la France -à-fric ?
Adieu Guaino le Conseiller qui n’a pas su conforter et maintenir son entrée dans l’Histoire.
Adieu Guaino ! L’histoire africaine vouera aux oubliettes nauséeuses son inspiration du discours de Dakar.

Adieu Guaino qui a donc induit le sympathique Sarkozy à l’erreur, adieu celui-là même qui invita tout un peuple à la modération, le 6 mai 2012. L’auteur du tristement célèbre discours de Dakar en homme perspicace n’ignore pas que les mots et recommandations n’ont de sens que si on se les applique soi même. Qu’à cela ne tienne !

Malgré les turbulences, les espoirs naissent,  car avec un nouveau locataire élyséen jouissant d’une présomption de virginité africaine, tout pousse à croire que les cellules et autres cercles de diplomatie parallèle vont s’évaporer avec une rupture du rapport dominateur, paternaliste et moralisateur.

Un nouveau départ et une nouvelle espérance partagée ? D’aucuns, voire beaucoup restent dubitatifs et sceptiques.

L’autre face de la médaille à laquelle beaucoup d’élites tant françaises qu’africaines ont du mal à s’accoutumer c’est l’évolution des mentalités, des circonstances, des attitudes et des enjeux.

L’Afrique a aujourd’hui des Etats de plus en plus jaloux de leur souveraineté. Des générations et élites décomplexées n’ayant pas connu la décolonisation, ayant été formées dans les mêmes écoles et universités que leurs collègues, amis et homologues français viennent de plus en plus aux affaires. D’autres ayant été formées ailleurs, dans des établissements tout aussi prestigieux parmi les plus côtés au monde sont aussi aux affaires publiques et privées.

La donne a changé fondamentalement  malgré les insuffisances observées et le sillon de la mutation relationnelle continuera à être tracé et à s’approfondir.

L’heure est au partenariat véritable, au banquet du donner et du recevoir comme aurait dit le poète académicien. L’heure est venue pour une ère de partenariat gagnant-gagnant. Le monde contemporain s’accommode de moins en moins avec  l’arrogance et le mépris, avec la dialectique dominant éternel-dominé permanent. Le paradigme politique des donneurs de leçons implose sous son propre poids historique.
Cela suppose que le continent puisse prendre résolument son destin en main car la dépendance n’est pas une fatalité pour un continent qui abrite les richesses les plus importantes, matérielles et humaines dont le monde a besoin.

Le respect mutuel sans rapport de vassalisation, la coopération juste, vraie et équitable sont les principes d’avenir car en France comme partout ailleurs, ce sont les peuples qui se déterminent et se détermineront de plus en plus en fonction de leurs attentes, de leurs valeurs, de leurs idéaux et de leurs intérêts.

Nul  ne changera  autrement la Françafrique, ni par un décret de mort, ni par quelques incantations.

Adieu les chantres d’une Europe prisonnière  de ses propres frontières, loin de l’épouvantail africain et à l’écart de l’invasion musulmane oh ! combien fantasmée » ?

La présomption et la réalité démocratiques restent  fragiles sur le continent africain et  exigent une vigilance permanente.

Tous les empêcheurs de tourner en rond, présidentiables, hauts gradés républicains, démocrates, simples citoyens ou dirigeants non conformistes et soucieux des intérêts de leurs  pays sont coupables.

Coupables ici de constituer une menace aux velléités putschistes de soldats sortis d’on ne sait où et désireux de remonter l’histoire de la démocratie à reculons.

Coupables ailleurs de ne pas se soumettre au diktat de cercles vicieux sans légitimité aucune.
Coupables aussi  d’avoir des parcours  inédits et d’être atypiques.
Coupables tout simplement par présomption car jugés turbulents ou incontrôlables.
Jugeons les uns et les autres par les actes qu’ils poseront et cessons le sport favori du « collerdes motifs ».
 Jugeons à l’œuvre, rien qu’à l’œuvre, sans colportages, ni inventions, ni amalgames !
Alors et seulement alors l’espoir reste permis.

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